Axinesis est une start-up medtech, spin-off de l’Université catholique de Louvain, qui produit des dispositifs robotisés pour la neuro-rééducation. Cette société wallonne est certifiée ISO 13485 et dispose du marquage CE pour ses produits REAplan®, REAtouch® et bientôt pour le REAtouch® Lite.

Fin 2019, plus de 3000 patients cérébrolésés avaient déjà été traités grâce au robot d’Axinesis. Financée par W.I.N.G by Digital Wallonia (aux cotés de la Sopartec/VIVES Inter-University Fund de l’UCLouvain, Nivelinvest, la Fondation Roi Baudouin, Innovation Fund et un groupe de Business Angels), la société Axinesis a un avenir prometteur devant elle.

 

Axinesis, une société à la pointe de la neuro-rééducation 

C’est en 2006 que l’aventure d’Axinesis commence. Julien Sapin, alors ingénieur à l’UCL, réalise sa thèse de doctorat sur la robotique de rééducation neurologique. Le prototype qu’il développe en laboratoire a pour objectif de rééduquer des patients souffrant de problèmes moteurs à la suite de lésions cérébrales.

« Qu’il s’agisse d’enfants cérébrolésés, de lésions cérébrales provoquées par un AVC, de la maladie de Parkinson ou encore de scléroses en plaque… le dispositif développé constitue une réelle source d’aide à la réhabilitation de nombreux patients », nous explique Philippe Durieux, CEO de Sopartec / VIVES.

En 2010, Julien publie sa thèse et entame un mandat First spin-off qui est financé durant quatre ans par la Région wallonne (DGO6), afin de transformer sa technologie en produit. Il industrialise alors son prototype en collaboration étroite avec les professeurs des Cliniques universitaires Saint-Luc. Il se base sur un cahier des charges précis et des demandes directement issues du terrain émanant de praticiens et de médecins confrontés à ce genre de problématiques.

« Au terme de cette période, il dispose d’un produit commercialisable avec un marquage CE, ainsi qu’une étude de marché qui lui offre toutes les bases pour lancer une première levée de fonds », poursuit Philippe.

En 2015, l’entreprise Axinesis est créée, avec à sa tête Julien et un premier CEO qui possède des années d’expérience dans le domaine de la vente et du marketing de dispositifs médicaux sur le marché français. 

« Ensemble, ils ont bâti un business plan en se focalisant fortement sur la France. Ils sont parvenus à convaincre deux investisseurs de rejoindre l’aventure : le VIVES Inter-University Fund de l’UCLouvain et Nivelinvest », conclut Philippe.

La société est alors capitalisée à hauteur d’un million d’euros. Ce financement – qui a notamment servi à industrialiser le REAplan® en mettant en place un espace de production dédié à la fabrication du dispositif à grande échelle – permettra ensuite de lancer les activités de ventes et de marketing (dans un premier temps principalement centrées sur la Belgique et la France). 

Fin 2017 entre alors au capital d’Axinesis un groupe de Business Angels. Leur apport permettra notamment de développer le deuxième dispositif d’Axinesis, le REAtouch®, qui reçoit son marquage CE en toute fin 2019 et se retrouve depuis dans différents centres médicaux français.

Pour Pierre de Waha, Investment Manager chez Nivelinvest, le fonds d’investissement du Brabant Wallon : « la société a connu une très belle évolution en termes de stratégie commerciale et de développement de sa gamme de produits. Dans le domaine très pointu de la robotique de revalidation, ils ont réussi à développer une gamme très large, qui va de l’application en milieu hospitalier jusqu’au système qui permet la revalidation du patient à domicile. »

 

Le REAplan®, le jeu comme outil de rééducation

Les accidents vasculaires cérébraux touchent chaque année 14 millions de patients dans le monde. En Europe, le coût social sur un an est d’environ 38 milliards d’euros.

« Pour les personnes qui souffrent d’un AVC, il est capital de commencer le travail de réhabilitation aussi tôt que possible », nous explique Pieter Van den Steen, CEO d’Axinesis depuis mai 2020 aux côtés de Julien Sapin, CTO de la société.

« Le but est de favoriser le réapprentissage moteur, de rééduquer le cerveau du patient, en travaillant de manière simultanée les aspects moteurs et les aspects cognitifs. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’engager une rééducation intensive et fonctionnelle dès les premiers instants. Concrètement, on aide le patient à réaliser jusqu’à 1000 mouvements fonctionnels par sessions intensives d’une demi-heure. »

Le REAplan® (premier dispositif développé par Axinesis) motive le patient à réaliser ces mouvements grâce à différents jeux thérapeutiques.

 « Dans un premier temps, le REAplan® va fonctionner dans un mode passif pour suppléer le patient dans ses mouvements. Au fur et à mesure de la récupération du patient, les algorithmes intégrés au REAplan® permettent d’évoluer vers une rééducation ‘active aidée’ ou même active avec ou sans résistance aux mouvements. Dans le mode ‘actif aidé’, le patient fera les mouvements de lui-même et le robot l’aidera en cas de besoin. »

Ainsi le dispositif permet au patient de se rééduquer au plus tôt, directement après la lésion cérébrale quand la motricité du bras est encore inexistante ou très limitée.

 

Le REAtouch®, la rééducation fonctionnelle à l’aide d’objets

Le REAtouch® est le second dispositif médical pour la rééducation des patients cérébrolésés, mais aussi des adultes et enfants souffrant de déficiences motrices.

« Le REAtouch® dispose d’un écran interactif de 43 pouces qui permet une interaction intensive avec de multiples objets fonctionnels. Avec ce dispositif, on travaille sur la rééducation fonctionnelle d’adultes et d’enfants qui vont manipuler des objets pouvant être choisis librement (ustensiles de cuisine ou de bricolage, cubes en bois, pâte à modeler, marqueur, briques en plastique, rouleau…) en interaction avec les jeux thérapeutique de rééducation et les modules d’évaluation. »

La version portable du REAtouch, le REAtouch Lite (une déclinaison 32 pouces du REAtouch® destiné cette fois à un usage « à la maison »), sera disponible début 2021. Avec ce développement tout récent, Axinesis passe d’un produit B2B à une commercialisation B2C.

« Le but est de faciliter une décentralisation de la rééducation, ce que beaucoup de centres médicaux recherchent aujourd’hui. La crise sanitaire a accéléré ce besoin d’offrir une rééducation à des patients qui ne peuvent pas quitter leur chambre ou se retrouvent en confinement. Le REAtouch® Lite donnera aussi la possibilité de faire de la neuro-rééducation en téléréadaptation (depuis la maison) avec un thérapeute qui interagit à distance avec le patient. »

Pour les patients qui se trouvent en « zone blanche » (zone d’habitation peu dense qui se situe parfois à plus d’une heure de route d’un centre médical), le REAtouch® Lite est une véritable aide dans leur rééducation. Avec un marquage CE attendu en février 2021, il sera disponible sur le marché dès le mois de mars de l’année prochaine.

 

W.IN.G by Digital Wallonia : un partenaire financier de première main 

C’est en 2020 que Julien Sapin et Pieter Van den Steen prennent contact avec le fonds d’investissement wallon W.IN.G by Digital Wallonia. Avec cette troisième levée de fonds, Axinesis souhaite concrétiser le lancement du REAtouch® Lite, mais aussi s’étendre à l’international.

« Nous avons approché le fonds d’investissement W.IN.G, car nous souhaitions financer le REAtouch® Lite et lancer une expansion dans les pays limitrophes (Pays-Bas, Allemagne, Suisse) dans une première phase. Nous trouvions le portfolio de W.IN.G à la fois intéressant et diversifié (dans les domaines où ils sont actifs). Alors qu’en cette période de crise sanitaire, de nombreux fonds refusent de réaliser de nouveaux investissements, W.IN.G s’est montré à la fois réactif, disponible et professionnel. Nous n’avons pas été déçus ! »

Sophie Sauvage, Investment Manager chez W.IN.G by Digital Wallonia et qui s’apprête à rejoindre le Conseil d’Administration d’Axinesis, est la personne en charge de ce financement.

 « Sophie a très bien géré ce dossier et elle a réalisé une excellente due diligence. En moins de trois mois, nous avions reçu un feedback et l’acceptation de notre demande de financement. Nous sommes vraiment impatients de la voir rejoindre notre CA. Il nous semble qu’elle possède une bonne démarche en business, qui nous sera d’une grande aide prochainement. »

 

L’innovation Fund, un second investisseur belge attentif

Le financement de W.IN.G by Digital Wallonia accepté, Axinesis part à la recherche d’un second investisseur pour compléter son enveloppe à hauteur de 600 000 euros.

« W.IN.G a sollicité son réseau pour nous renseigner plusieurs personnes de contact. Le ticket recherché étant relativement réduit, cela s’est avéré très compliqué (car dans le domaine de la santé, les budgets s’élèvent plutôt à des dizaines de millions d’euros). Beaucoup de fonds nous ont invités à revenir plus tard, quand nous aurions besoin de plus d’argent. Trouver ce second investisseur a été un véritable challenge, surtout dans cette période de crise sanitaire. »

Axinesis finit par trouver son second investisseur auprès d’Innovation Fund, une initiative des membres du cercle de l’innovation, d’académiques et de capitaines du secteur de l’industrie et des sciences de la vie, créé en 2015.

« Nous avons énormément de respect pour les développements de dispositifs médicaux de Julien Sapin, en proche collaboration avec l’UCL. Pieter Van den Steen complète bien Julien au niveau du management et nous avons, qui plus est, désormais un francophone et un néerlandophone à la tête de la société. C’est pour nous un investissement qui a beaucoup de sens puisqu’il s’attaque à une problématique cruciale dans notre société », précise Edith Coune secrétaire générale d’Innovation Fund.

Pour Nivelinvest, qui a participé à hauteur de 250 000 euros à ce nouveau tour de table : « Cela va permettre non seulement de développer davantage leurs dispositifs, mais aussi de consolider la stratégie commerciale de la société avec l’ouverture vers de nouveaux marchés européens », commente Pierre. « Nous sommes enchantés de continuer cette magnifique aventure et de compter deux nouveaux partenaires – W.IN.G et Innovation Fund – dans ce tour de table. »

Les dispositifs de revalidation ouvrent de nouvelles perspectives à la médecine. L’association de la Sopartec / VIVES de l’UCLouvain, le groupe de Business Angels, Nivelinvest, l’Innovation Fund et W.IN.G by Digital Wallonia, constitue – à ce titre – une collaboration remarquable.